J’ai dernièrement eu le plaisir de faire la connaissance de Marie-Aude Koiransky, spécialiste du référencement, une de ces espèces qui croisent parfois le chemin des chefs de projet web et que je regarde toujours d’un oeil un peu dubitatif. Non pas que les référenceurs soient des charlatans, mais certains de leurs discours tiennent à l’occasion plus du maraboutage que de la pratique professionnelle.
Marie-Aude, donc, m’a fait découvrir un article de Jayson Demers et le formidable débat qui en a suivi : « Why modern SEO requires almost no technical expertise« . La thèse de l’auteur est simple : Google a beaucoup changé et est désormais suffisamment intelligent pour ne plus être biaisé par des artifices techniques. Le niveau d’excellence du moteur de recherche de référence offre aujourd’hui une vision réelle de la richesse d’un contenu et de sa popularité. Et même si une astuce peut provisoirement rapporter un peu dans le monde SEO, les mises à jours permanentes des algorithmes Google rendent l’exercice assez risqué.
Selon ce point de vue, la pratique du SEO se résumerait donc à :
- Rendre la visite de votre site agréable à vos utilisateurs
- Ecrire du contenu de qualité
- Faire en sorte d’être reconnu comme une référence sur un sujet donné
- Gagner en popularité sur les réseaux sociaux
- Obtenir une reconnaissance dans le monde réel
- Utiliser un bon CMS qui intègre le respect des grands principes techniques SEO
Contrairement à Marie-Aude, et tout en étant d’accord avec l’essentiel de ce qu’elle dit, je trouve cette approche absolument remarquable.
Dans beaucoup trop de projets, j’ai vu des clients fascinés par les recettes magiques agitées sous leur nez par quelques spécialistes SEO et ne pas se concentrer sur ces points essentiels. Bien entendu, l’optimisation technique peut offrir des gains et en particulier débloquer des situations anormalement dégradées (ce qui arrive en fait assez souvent à l’ère de Penguin et Panda), mais dans la plupart des cas, les gains seront très marginaux.
Rares sont les équipes projets à intégrer complètement que la réussite dépend avant tout de leur production de contenu et de la façon dont on saura « réseauter » autour de celle-ci. Il faut dire qu’il peut être difficile d’admettre que le succès d’un site dépendra essentiellement de son travail rédactionnel – qui a trop longtemps été traité comme une problématique accessoire – alors qu’on a pu investir par ailleurs beaucoup d’argent sur des aspects techniques. Expliquez à un type qui vient d’acheter une Ferrari qu’il est normal que quelqu’un qui conduit mieux que lui le double avec une Fiat 500, il aura du mal à l’encaisser : c’est pourtant bien comme ça que ça marche sur le web !
Qu’on ne se méprenne pas sur mon propos : les spécialistes SEO sont utiles et peuvent aider un site à passer un cap décisif. Mais, hors point technique bloquant, le spécialiste SEO d’aujourd’hui travaillera d’abord sur les 5 premiers points listés par Jayson Demers. Et tant mieux pour Marie-Aude puisqu’elle a un vrai talent pour le contenu.
Une réflexion sur “Référencement, technique et maraboutage”